Cette préface aurait été bien différente si elle m’avait été demandée avant le 10 mai 1981. La victoire socialiste en France colore en effet rétroactivement dix-sept années de conception et de publication du Nouvel Observateur. Il n’est que d’écouter ce qu’on répète partout à l’envi : que nous pourrions dire, tel Charles Maurras accueillant le régime de Philippe Pétain : « Nos idées sont au pouvoir ! »
Affirmation qui reste à nuancer : croire que l’aboutissement d’un itinéraire comme le nôtre puisse se déployer dans un quelconque lieu du pouvoir relèverait en effet d’une étrange méprise », écrit Jean Daniel pour introduire une sélection d’articles du Nouvel Observateur, où se côtoient des personnalités aussi éloignées — et proches aussi peut-être
— que Jean-Paul Sartre, Pierre Mendès France, André Glucksmann, François Mitterrand, François Châtelet, Michel Rocard, Michel Fou-cault, Régis Debray, Gilles Deleuze, Jean-Luc Godard, Bernard-Henri Lévy, André Pieyre de Mandiargues, Cornelius Castoriadis, Vladimir Jankélévitch, Félix Guattari, et tant d’autres, ainsi que toute l’équipe du Nouvel Observateur avec ses anciens, ses jeunes, ses grands disparus.
Dix-sept ans de vie d’un journal, dix-sept ans d’Histoire, de notre histoire vus par Le Nouvel Observateur.