Un homme écrit depuis l’hôpital psychiatrique où il a demandé à être soigné. Un homme brisé. Rongé par une douleur atroce qu’on ne peut extraire sauf à le décerveler. Ecrite au présent de l’indicatif, rassemblée dans de courts chapitres dont la numérotation sonne comme un glas, cette confession sans pathos inutile n’est pas exempte de lucidité.
Maxime est aliéné après une tentative de suicide échouée de peu. Après une histoire d’amour échouée de beaucoup. Comme un personnage de Serena, notre homme a trompé sa compagne qui plus tard lui a rendu la monnaie de sa pièce (mais c’est toujours plus compliqué). Maxime reçoit la nouvelle comme il n’était pas pensable qu’il la reçût. Ce n’est pas qu’un choc, c’est un effondrement et pleurer et vomir ne suffiront pas à évacuer la douleur.
Il faut dire que Marie-Hélène est “belle comme un monastère” et qu’elle a surgi dans la vie du jeune étudiant “comme une kalachnikov sur une liste d’épicerie.”
La mécanique de la jalousie, comme chez Serena -et le parallèle est troublant-, le fait devenir voyeur : “C’était comme si c’était moi qui avais vécu la soirée à sa place (…) Et j’ai tout su. Je prenais un plaisir inouï à tout savoir.” Cela, on l’apprend par la lente reconstitution à laquelle il se livre. Mais il lui faut d’abord apprendre le monde dans lequel il vient d’être plongé. Avec les autres fous qui hurlent, les infirmières qui sourient comme des espionnes, les caméras. Avec le vide salvateur qu’apporte chaque soir le somnifère désiré dès le matin.
Maxime-Olivier Moutier raconte comment ceux qui se trouvent là ont fait l’expérience du gouffre. C’est probablement la partie la plus réussie du roman parce qu’elle fait sentir combien l’érosion de l’individu se construit lentement, sur une opposition rebelle à la société, sur une liberté radicale, une hypertophie de l’ego bafoué.
Lentement, Maxime va dévider le fil de son récit, interrompu par les crises de larmes, l’hébétude. Et, tout au bout de l’écheveau, l’homme exhumera l’histoire familiale pour y trouver comme une fatalité, un drame qu’il sait rendre poignant. Présenté comme une nouvelle voix de la littérature québécoise, Maxime-Olivier Moutier a écrit un roman dont la lecture invite à rester un long moment silencieux.
Source : Le Matricule des anges
Marie-Hélène au mois de mars de Maxime-Olivier Moutier
Un homme écrit depuis l’hôpital psychiatrique où il a demandé à être soigné. Un homme brisé. Rongé par une douleur atroce qu’on ne peut extraire sauf à le décerveler. Ecrite au présent de l’indicatif, rassemblée dans de courts chapitres dont la numérotation sonne comme un glas, cette confession sans pathos inutile n’est pas exempte de lucidité.
Maxime est aliéné après une tentative de suicide échouée de peu. Après une histoire d’amour échouée de beaucoup. Comme un personnage de Serena, notre homme a trompé sa compagne qui plus tard lui a rendu la monnaie de sa pièce (mais c’est toujours plus compliqué). Maxime reçoit la nouvelle comme il n’était pas pensable qu’il la reçût. Ce n’est pas qu’un choc, c’est un effondrement et pleurer et vomir ne suffiront pas à évacuer la douleur.
Il faut dire que Marie-Hélène est “belle comme un monastère” et qu’elle a surgi dans la vie du jeune étudiant “comme une kalachnikov sur une liste d’épicerie.”
La mécanique de la jalousie, comme chez Serena -et le parallèle est troublant-, le fait devenir voyeur : “C’était comme si c’était moi qui avais vécu la soirée à sa place (…) Et j’ai tout su. Je prenais un plaisir inouï à tout savoir.” Cela, on l’apprend par la lente reconstitution à laquelle il se livre. Mais il lui faut d’abord apprendre le monde dans lequel il vient d’être plongé. Avec les autres fous qui hurlent, les infirmières qui sourient comme des espionnes, les caméras. Avec le vide salvateur qu’apporte chaque soir le somnifère désiré dès le matin.
Maxime-Olivier Moutier raconte comment ceux qui se trouvent là ont fait l’expérience du gouffre. C’est probablement la partie la plus réussie du roman parce qu’elle fait sentir combien l’érosion de l’individu se construit lentement, sur une opposition rebelle à la société, sur une liberté radicale, une hypertophie de l’ego bafoué.
Lentement, Maxime va dévider le fil de son récit, interrompu par les crises de larmes, l’hébétude. Et, tout au bout de l’écheveau, l’homme exhumera l’histoire familiale pour y trouver comme une fatalité, un drame qu’il sait rendre poignant. Présenté comme une nouvelle voix de la littérature québécoise, Maxime-Olivier Moutier a écrit un roman dont la lecture invite à rester un long moment silencieux.
Source : Le Matricule des anges
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