Un concert d’enfers: poèmes croisés – Arthur Rimbaud, Paul Verlaine
Outre les poèmes sacrilèges et railleurs de l’Album zutique écrits à plusieurs mains, les œuvres poétiques de Rimbaud (Le Cahier des dix ans, Les Étrennes des orphelins, Vers latins, Lettre de Charles d’Orléans à Louis XI, Un cœur sous une soutane, Recueil Demeny, Le Rêve de Bismarck, Vers de 1871, Recueil Verlaine, Lettres du Voyant, Stupra, Les Déserts de l’Amour,
Vers de 1872, Proses évangéliques, Une saison en enfer, Les Illuminations) et de Verlaine (Premiers vers, Poëmes saturniens, Les Amies, Fêtes galantes, Autour des Vaincus, La Bonne Chanson, Romances sans paroles, Cellulairement, Sagesse, Jadis et naguère, Amour, Parallèlement, Femmes, Hombres, Liturgies intimes, Chansons pour elle, Epigrammes…).
La présentation croisée de ce corpus considérable et décisif pour la poésie moderne met en relief la rencontre de deux poètes mais aussi de deux hommes. On lira sous un jour neuf l’histoire de leurs destins dans une édition riche en documents, correspondances et articles critiques.
Lorsque le jeune Verlaine appelle à lui l’enfant sauvage des Ardennes – «Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend» – sait-il qu’il va provoquer un de ces chocs dont la violence fera voler en éclats les résolutions sur lesquelles l’auteur de Fêtes galantes voudrait établir l’équilibre de sa vie personnelle, litteraire et publique ? Rimbaud ange exterminateur – ange dominateur? – rompt les conventions, brise les âmes, sépare les époux, de même qu’au centre des cercles littéraires les moins académiques où il paraît il inspire autant de fascination que de répulsion.
Rimbaud-Verlaine c’est un dialogue séminal attisé par le désir, qu’attestent Romances sans paroles et les poèmes rimbaldiens de 1872; un concert de voix que reprend Une saison en enfer; un air entêté, et désormais distancié, qui se prolonge aussi dans certains textes des Illuminations. De l’un à l’autre passent des fragments de vues et des fragments de vie, tous voués à réorchestrer selon d’autres lois le dire poétique et les formes de la figuration lyrique.
Il nous a semblé que cette aventure à deux, tantôt à l’unisson et tantôt discor-dante, assoiffée toujours d’une «nouvelle harmonie» et consacrée sans cesse à l’invention d’un «concert d’enfers», méritait d’être offerte d’un seul tenant, en un volume qui rassemble les œuvres de l’un et l’autre et qui rende plus net encore, dans le jeu de l’entre-lecture et l’entre-écriture, ce même désir d’émancipation du langage dans l’espoir de dynamiter l’ennui.











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